A propos des Contes

« Plus profondément, c'est l'univers imaginaire du conte qui porte l'ensemble de l'oeuvre romanesque de l'écrivain rouergat, dans la mesure où l'enfant Boudou, fait bien connu, fut profondément marqué par la personnalité de sa mère, Albanie Balssa, conteuse réputée, qui transmit à ses enfants, avec le patrimoine linguistique occitan, l'univers fantastique des contes traditionnels. Rappelons ici l'épigraphe aux Contes du Drac : "Les contes qui suivent, je les tiens de ma mère née à La Rivière, commune de Mirandol-Bourgnounac. La Rivière, en Albigeois, était paroisse de La Plancade, en Rouergue." Ce sont donc ces contes oraux qui nourrissent son enfance que Boudou écrivit, en les remaniant selon les spécificités de l'écrit. »

Bernard Vernières, Le dit de l'oiseau gris, interprétation des Contes del meu ostal de Jean Boudou, Editions IEO, Puylaurens, 2001, pp. 18-19

A propos de Les cailloux du chemin

« (...) entre 1950 et 1975, des écoles rurales d'Aveyron à la banlieue d'Alger, l'écriture occitane est exemplaire de l'aventure de l'Homme du XXème siècle. Boudou se situe sur une différence irréductible et continuelle : avec l'adhésion à un universalisme déraciné, qui ferait disparaître son occitanité, mais aussi avec la réduction à une stricte occitanité. Toujours exilé, au fond, et qui découvre dans la fuite et le déplacement le maintien d'une interrogation riche et douloureuse. C'est ce que dit Les cailloux du chemin : retour à la maison et vent d'autan qui emporte l'esprit à la conquête d'un "ailleurs". »

Robert Lafont, préface à la réédition de Les cailloux du chemin, Editions IEO, 1976.

« Les grands livres sont parfois des livres de l'indicible. Grands non pas pour ce qu'ils parviennent finalement à dire, mais parce qu'ils se construisent sur les marges de ce dire : Les cailloux du chemin est un silence enveloppé de récit. L'émotion que nous percevons et qui gagne le lecteur, c'est le silence qui parle. »

Robert Lafont, préface à Les cailloux du chemin, Editions du Rouergue, Rodez, 1989, p. 24.

A propos de Le livre de Catoïe

« Ce livre tient sa modernité et son universalité de sa passion régionaliste et de ses thèmes génésiaques, archaïques et éternels ; ce sont les valeurs fondatrices, mais sans nostalgie, de l'intimité avec un petit pays, et du souvenir de temps perdus. »

Pierre Canivenc, préface à Le livre de Catoïe, Editions du Rouergue, Rodez, 1993, p. 11.

A propos de La Chimère

« ... Notre peuple a perdu son histoire. J'ai essayé de lui en restituer un morceau, comme j'ai pu, avec ce que j'ai trouvé ça ou là. Avant que notre histoire ne soit réduite à néant. »

Jean Boudou, extrait d'une lettre à Henri Mouly, datée du 24 janvier 1975 à l'Arbatach.

« La Chimère n'est pas seulement le récit d'un épisode de l'épopée camisarde, mais encore la mise en perspectives larges d'un échec linguistique, au fil des siècles, depuis le Moyen Âge des troubadours, évoqué plus d'une fois, jusqu'au temps présent de l'écriture, quand l'écrivain, désormais seul avec ce qui peut lui rester de cette langue perdue, poursuit, têtu, son oeuvre de témoignage, contre tous et contre tout. »

Philippe Gardy, préface à La Chimère, Editions du Rouergue, Rodez, 1989, p. 8.